C'est une église d'Etroeungt trop petite qui a accueilli ce lundi 29 août 2022 les funérailles du Père Léon Rousseaux. Autour de sa famille, nombreux étaient ses confrères, ses amis et des paroissiens venus rendre grâce pour la vie de Léon et notamment ses 62 années de sacerdoce.
Hommage de la paroisse Sainte-Anne :
Le départ de l'abbé Rousseaux, Léon pour la plupart d'entre-nous a surpris tous ceux qui l'ont connu, cotoyé, apprécié, aimé. C'est là encore une page de nos villages, de nos paroisses qui se tourne. Né à Etroeungt en 1935, il est l'aîné des 4 enfants de Léon et Fanny, seul garçon précédant 3 filles. On peut imaginer que tous les espoirs peuvent reposer sur ses frêles épaules. Il entre au petit séminaire de Solesmes à l'âge de 12 ans. Pensionnaire, il ne rentre chez lui qu’aux vacances et quand il arrivait « C'était le bon Dieu » comme dira Jeanine. Il faut dire aussi qu'il avait un peu mis la puce à l'oreille de ses parents en étant servant d'autel, enfant de chœur comme on disait dans sa famille. Dans sa petite enfance, je crois que l'attribution était réservée aux garçons. Pendant les vacances, il allait aider aux travaux de la ferme chez son oncle Jean. Puis, c'est le moment du grand séminaire à Cambrai et pendant les vacances, il va faire la moisson chez sa marraine. Vint ensuite le temps du service militaire. Léon va en Algérie. Il refuse de prendre les armes mais son souci des autres l'amène à écrire à la place de ceux qui ne maîtrisaient pas l’écriture. Ça aide pour envoyer des petits mots doux. Après son retour d'Algérie, il est ordonné prêtre : il a 26 ans. Dès le séminaire, la marche a été son sport favori. Il s'est rendu pendant une cinquantaine d’années au pèlerinage de Liesse. 60 kilomètres en 3 jours ne l'effrayait pas ! Il était même allé à Chartres à pied. Bien-sûr avec ses beaux-frères. Et il y avait aussi le cyclisme : trônant dans la voiture de Jean-Marie Leblanc, il a suivi des étapes du Tour de France. Il accompagnait aussi son petit neveu. Durant ces compétitions, il n'hésitait pas non plus à taper dans le ballon. Il était même passionné de foot et se rendait à Valenciennes pour soutenir son équipe favorite. Les équipes de nos villages n'étaient pas en reste : il était lui-même correspondant sportif. Pongiste averti, il a aussi participé à des compétitions avec l'abbé Henri Bracq jusque dans la région parisienne. Professeur de français pendant 20 ans à l'institution Saint-Pierre de Fourmies, il a ensuite la responsabilité de son premier ministère à Cartignies et ce pendant 10 ans. C'est ensuite la paroisse Sainte-Hiltrude et les clochers autour de Solre-le-Château qui vont l'accueillir. L’esprit vif, le sourire malicieux, il aimait raconter des histoires, scrutant le degré de compréhension de son interlocuteur. Les grilles de mots croisés dans le journal Nos clochers, c'est aussi Léon qui les concoctait et je peux dire qu'elles nécessitaient beaucoup de réflexion. Amoureux des gens, amoureux aussi de son village natal, malgré ses 87 ans il était toujours disponible. Samedi dernier, il célébrait encore un mariage. Il avait aussi préparé les funérailles de notre ancien maire le docteur Dhalluin. Son homélie était rédigée sur son bureau quand il est décédé. Selon ta volonté, Léon, tu souhaites reposer dans la terre, au cimetière de ton village. Tu disais si souvent « je suis poussière et je retournerai en poussière ». Léon du haut de tes 62 ans de ministère, tu pars vers Celui que tu as toujours servi.
Hommage de la paroisse Sainte-Hiltrude :
C’est avec une grande émotion que je prends la parole aujourd’hui au nom de la paroisse Sainte-Hiltrude en Avesnois où l’Abbé Rousseaux à officié pendant plus de 30 ans.
Mr l’Abbé, Léon, nous sommes sûrs que de là-haut, vous voyez à quel point vous avez été bienveillant envers les autres. La preuve, la voici, ce sont toutes ces personnes rassemblées, ici, aujourd’hui, rien que pour vous.
Vous êtes parti soudainement, sans même prévenir, et vous laissez un grand vide dans ce monde.
Tellement de témoignages de ceux qui vous ont bien connu ou simplement croisé, nous sont parvenus depuis ce fameux mercredi 24 août : c’est dire les souvenirs et les traces indélébiles que vous laissez gravés dans le cœur de chacun d’entre nous.
On ne peut pas résumer votre vie en quelques mots mais nous retenons beaucoup de choses à votre sujet :
-votre amour pour le foot, et ce, depuis toujours : jeune séminariste, vous jouiez au foot avec les jeunes à Solre-le-Château ou ailleurs ! Et grand supporter de V.A, je vous cite : « toujours supporter de V.A pour la vie » !
-les préparations au mariage : très enrichissant !
-le pèlerinage de Notre-Dame de Liesse, auquel vous avez initié beaucoup de personnes !
-conseiller spirituel à Saint-Vincent-de-Paul !
-les olympiades des jeunes en préparation à la confirmation à Cartignies !
-le CCFD et la course pour le Tiers-Monde !
-les JMJ !
-les pèlerinages, en Israël, à Assises sur les pas de Saint François, à Beauraing avec les malades handicapés !
-vous saviez y faire avec les enfants et les jeunes, ils vous adoraient !
- vos articles si bien écrits pour Nos Clochers, d’une légèreté telle qu’on aimait vous lire autant que l’on aimait entendre vos anecdotes et vos histoires, sans oublier que vous chantiez très bien !
-les fameux mots croisés que vous faisiez, vous maniez la langue française comme personne ! Ils étaient attendus par les lecteurs de Nos Clochers, et si on ne pouvait pas les publier pour diverses raisons, on se faisait rappeler à l’ordre !
-ce fameux « X » à la fin de votre nom, Rousseaux sans x ça n’avait pas de sens pour vous. Vous y teniez à ce « x » !
Et tellement d’autres choses comme votre dévouement pour la vie de la paroisse et de nos villages, toujours à l’écoute et disponible. Et franchement, j’en passe !
Vous ne vouliez pas de cette retraite, vous vouliez être actif jusqu’au bout ! je crois que c’est réussi !
On parle de vos 60 ans de sacerdoce mais vous en avez fait tellement plus !
En tout cas, on s’accorde tous à dire que vous étiez « un prêtre heureux ».
Si vous nous avez quitté si vite, c’est sûrement, parce que là-haut, on avait besoin de vous et qu’une nouvelle mission commence pour vous, en tant que fidèle serviteur, comme vous l’avez toujours été !
Merci Mr l’Abbé, merci Léon ! Nous vous souhaitons bonne route.
Puisse Dieu vous accueillir dans son royaume les bras ouverts et dans son infinie miséricorde.
Hommage de sa famille :
Léon, cela rime avec vocation. Comme quoi, le hasard fait bien les choses. Vocation, mot qui à travers les décennies t'a suivi. Vocation que tu as réussi à partager avec tant d'autres, à travers des valeurs qui nous laisseront d'incroyables souvenirs. Cette vocation fut dans un premier temps jalousé par tes petites sœurs. Hé oui quelle stupeur de voir à Noël que le cochon de Léon était plus rempli que celui de Janine, de Marie et Thérèse. Il s'agissait seulement d'une avance sur bienveillance. La bienveillance dont tu as fait preuve envers l'ensemble des personnes que tu as côtoyées au fil des années : des fidèles, tes amis, tes élèves et puis nous ta famille. Quel bonheur pour nous de t'avoir à notre table pendant les nombreuses fêtes de famille, durant lesquelles ta bonne humeur, ton savoir et tes anecdotes animaient le repas. A ce sujet, connaissez-vous l'anecdote du militaire et du petit Maroilles ? Ne vous inquiétez pas, nous pourrions vous la raconter. Ta passion dévorante pour le sport t'a parfois conduit à oublier ta voiture au stade. « Qu'il est tête en l'air Léon » disait mamie mais ne t'inquiète pas, ici si tu as oublié ton parachute et que tu viendrais à tomber, il y aurait beaucoup de monde pour te rattraper. Léon, Merci beaucoup pour cette belle leçon de vie !
Homélie du Père Henri Bracq :
(...)Léon m'a dit : « Tu sauras aller à l'essentiel ». La pression est lourde et vous comprenez mon embarras.
Mais vous êtes là, vous qui l'avez si bien connu. Alors, je ne suis plus inquiet. Je suis sûr que vous allez faire une très très belle homélie parce que vous saurez croiser à la fois la vie de Léon et la vie de Celui qui l'habitait : de Jésus-Christ et de son Évangile. Je compte sur vous !
Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Mais finalement c'est le cadeau de Dieu ! Alors vous savez bien la paix de Dieu ne s'impose pas : elle se propose.
Comment ne pas y voir aussi la profonde humilité de Léon ? Ce n'est pas quelqu'un qui cherchait à les premières places, vous le savez bien. Il a fallu d'ailleurs d'abord négocier, je me souviens en son temps avec Xavier Brice je crois, pour qu'il accepte la responsabilité de secteur à Solre-le-Château : il trouvait que le plus jeune pouvait faire…
Humilité, parce qu'enraciné vraiment dans un territoire de l'Avesnois qu'il aimait tant. Né à Etrœungt à la vie humaine, voilà que les portes s'ouvrent pour lui ici même à Etrœungt pour la vie du ciel. Il a souhaité, comme on l'a évoqué tout à l'heure, être déposé, tout simplement en terre, en terre d'Etroeungt, en terre d'Avesnes. Une terre qu'il savait épouser ! Parce qu'il avait compris que tout simplement l'essentiel se faisait aussi dans les toutes petites choses et que c'est dans le particulier de chacune de nos vies que nous retrouvons l'universel. Il savait qu'une vie était pèlerinage. Merci à tous ses amis qui l'ont connu dans les pèlerinages notamment à Liesse d'être là.
Alors vous le savez aussi, la paix de Dieu est échange. Léon avait un profond sens de l'écoute et du partage. Vous le savez bien, je ne sais pas à quel moment ça lui est arrivé, mais dès que je l'ai connu, à chaque fois qu'on lui posait la question : « Léon comment ça va ? »… « bah »... (rires) Mais ça ne durait que quelques secondes, la conversation se reprenait et le chrono tournait : il avait oublié ! Magnifique !
Vous l'avez déjà entendu critiquer l'un ou l'autre ? Ou l'abaisser ? Moi pas ! Jamais et même quand, il y avait parfois quelques raisons de s'inquiéter sur tel ou tel, alors il se taisait... Merci Léon !
Et puis, la paix de Dieu, on vient de l'entendre dans l'Évangile, ce n'est pas comme la paix des hommes. D'ailleurs vous connaissez l'expression : « Avoir la paix » ? C'est être tranquille plutôt... La paix de Dieu : elle ne nous laisse pas tranquille ! Elle nous met en mouvement ! Il avait repéré ses mouvements, autour des jeunes, en particulier avec le MEJ, avec les camps à Assise et ailleurs, les Jeux Olympiques qu'il avait animé à Cartignies de magnifique manière ! Puis ces jeux mondiaux de l'entreprise à Lille... quelle épopée ! Et je me souviens pourquoi je vous dis ça : le premier match. Oh, vous saviez, avec Léon, nous étions des locaux par rapport aux grands spécialistes ! Léon se retrouve à jouer avec quelqu'un qui était tout à fait au top. Je me souviens quelqu'un qui travaillait à France Télécom. La première balle était en faveur de Léon. Je ne sais pas comment il a fait pour la rattraper d'ailleurs, mais enfin une frappe comme une casserole à 5 mètres de la table. La balle a frisé le côté et donc l'arbitre « 0-1 ». Qu'a fait Léon ? Il a tourné autour de la table pour aller s'excuser à l'adversaire. C'est l'arbitre qui a dit « Ah non ça ne marche pas comme ça ici. » Extraordinaire !
Je dois vous dire quand même j'ai un petit regret. Parce qu'il en était tout à fait d'accord, il ne connaissait pas et vous comprendrez pourquoi, il ne connaissait pas l'ambiance du stade Bollaert. Alors je lui ai dit : « ça c'est un petit manque quand même » et nous étions décidés à ce que nous partions ensemble à Lens. Mais pourquoi je vous dis ça ? Vous savez, Léon aimait beaucoup le foot mais pas seulement il aimait beaucoup les sports et il supportait, j'espère que je ne vais choquer personne, surtout Valenciennes et Lille aussi quand même mais beaucoup moins Lens. Moi j'étais un peu plus porté vers Lens pour l'enthousiasme des supporter. Nous avons été vivre un match à l'époque « Valenciennes-Lens », je peux vous dire que nous étions remonté comme des pendules ! Ça y allait de bon cœur au point qu'à un moment donné un supporter, qui était devant nous, se retourne et il nous dit à tous les deux : « Vous n'allez quand même pas vous battre ! » (rires) Ce que vous faites, c'est ce que nous avons fait, Léon et moi-même, nous avons ri et Léon lui-même a rajouté : « Oh rassurez-vous quel que soit le résultat nous irons boire une bière ensemble ». Ce que nous avons fait d'ailleurs. Et bien, c'est cela aussi la paix, c'est cela aussi la paix. Et c'était habité chez Léon par le croisement du mystère de Dieu. Alors si vous avez un petit peu de temps, ce sera plus facile qu'une grille de mots croisés que faisait Léon, mais si vous avez encore un peu de temps ce soir, prenez le stylo et puis simplement, prenez les deux mots qui ont habité toute sa vie et croisez-les, comme pour faire une croix : « INCARNATION RESURRECTION ». Vous aurez tout compris du cœur de notre ami, de notre confrère. Alors Seigneur, nous voulons vraiment te dire merci d'avoir mis sur notre route Léon : un homme de paix, de Ta paix. Il la recevait de Toi pour la partager.
Je me suis autorisé à demander au Père Christophe si l'on pouvait peut-être, en faisant attention avec le covid, ne pas simplement faire le geste de paix par simple amitié entre nous mais parce que nous la recevons de Dieu.
Aujourd'hui encore Seigneur offre-lui Ta paix. Et comme nous l'entendions dans la première lecture, tu as tant de fois prononcé cette phrase lors des Eucharisties, en s'adressant à tes frères et sœurs dans la foi. Aujourd'hui permets-nous de la dire, pour toi : « Que la grâce du Seigneur Jésus, l'amour de Dieu le Père et la communion du Saint-Esprit soit toujours avec toi Léon. »