Notre fondatrice, Monique CARLIN, est née le 1er janvier 1785, à Jeantes, elle est la fille de Jean CARLAIN, laboureur demeurant à « la Sablonnière », dépendance de la paroisse de Jeantes, et de Hélenne-Elizabeth Hannoteaux, son épouse. Elle est la plus jeune de 4 sœurs et un frère.
Elle est baptisée le jour de sa naissance sous le nom de Marie Jeanne Thérèse Monique CARLAIN. « Une atmosphère de foi entourait son berceau. Elle grandit, formée par les leçons et l’exemple de parents convaincus jusqu’à l’héroïsme. »
1789. C’est la révolution ! Le peuple s’insurge contre la noblesse et contre l’Eglise. C’est l’époque où beaucoup de nobles préfèrent s’expatrier, plutôt que d’être arrêtés et mis à mort. Les évêques et les prêtres se cachent ou se déguisent pour ne pas être pris. Certains échapperont à la mort, mais d’autres périront sur l’échafaud.
1792. Constitution civile du Clergé, loi qui oblige les prêtres à se soumettre aux décisions du gouvernement en place à cette époque.
Le clergé va se scinder en deux parties :
- D’un côté, ceux qui vont se soumettre et adhérer à cette loi,
- De l’autre ceux qui refusent de se soumettre, et deviennent des « réfractaires ». Ceux-ci, pour continuer leur ministère se cachent, se déguisent, allant de commune en commune, pour pouvoir continuer leur mission et aider la population. Ils sont souvent déguisés en colporteurs, une valise sur le dos, et vont offrir aux maisons qu’ils croient sûres de menus objets de mercerie.
A Jeantes, une porte leur était particulièrement accueillante., celle de Jean Carlain. Sur le seuil, un sourire d’enfant les saluait : « Bonjour, Monsieur le Curé », car sous leur accoutrement, Monique les reconnaissait. La ferme de La Sablonnière avait une chambre transformée en oratoire où se célébrait la messe et s’administraient les sacrements. C’est à partir de La Sablonnière que rayonnaient les prêtres réfractaires à travers la contrée.
Une religieuse y vint s’y réfugier : Madame de la Myre, abbesse de Montreuil sous Laon. C’est elle qui va donner à Monique les premiers rudiments d’instruction. Et en août 1793, (Monique a 8 ans), elle l’emmène au Val Saint Pierre, près de Saint-Quentin. Monique y restera jusqu’en 1795. Rentrée à Jeantes, elle développe les premières notions reçues avec l’aide des prêtres de passage.
Dès son jeune âge, Monique a senti en elle un vif désir de se consacrer à Dieu. Ceux qui l’ont approchée ont sans doute deviné ce désir, et l’oriente vers l’enseignement pour lequel Monique montre d’ailleurs un goût et des aptitudes exceptionnelles. D’ailleurs, Monique faisait le catéchisme aux enfants de Jeantes, et sans doute, leur apprenait-elle les premiers rudiments d’instruction, comme cela avait été fait pour elle.
En 1802, l’abbé Charlier, un ancien prêtre réfractaire, demande à Jean Carlain de lui donner sa fille pour l’école de Neuville. Les religieuses de Charleville essaient de l’attirer dans leur institut. Un peu plus tard, Monique sera appelée à Moy où elle restera 3 ans. Là, elle fait la connaissance de Melle Berleux qui essaie de l’attirer vers la Congrégation de la Mère Barat. Cela ne se fera pas.
Mais l’évêque de Soissons permet à Monique de « s’engager par vœu, sous l’invocation de Sainte Thérèse, et à l’imitation de Saint Vincent de Paul, à être à Dieu et au service du prochain tout le temps de sa vie ».
En 1805, Monique Carlin et Melle Berleux vont à Laon, pour concourir à l’établissement de la Providence de Laon. Mais des difficultés ont surgi entre Melle Berleux et Monique Carlin, aussi cette dernière quitta Laon pour aller fonder une succursale à Hirson, en 1809. Cette école se développa rapidement et donnait toute satisfaction aux habitants et aux autorités.
En 1813, le typhus fit son apparition et en 1814, ce fut l’invasion des soldats ennemis. Pendant toute cette période, Monique laisse momentanément l’instruction pour faire face aux nécessités du présent : elle soigne les malades à domicile, et les blessés à l’église convertie en ambulance, elle ravitaille les indigents, elle ouvre les murs de l’école pour accueillir les jeunes filles évacuées de la région. Pour celles-ci, elle ose demander aux troupes d’occupation, des gardes. Les premiers s’étant mal comportés, elle les dénonça, et ils seront remplacés par d’autres corrects et disciplinés. Lorsque la vertu est en jeu, elle n’est absolument pas tolérante. Elle est encore jeune , et n’a pas encore acquis la maîtrise d’elle-même pour commander à ses premiers mouvements de vivacité naturelle.
L’après-guerre fut terrible : misère, famine, vie chère. Alors elle passe la nuit à faire du pain, elle se procure du riz, fait préparer ces potages. Elle distribue tout cela elle-même aux malheureux.
Elle reste 11 ans à la Providence de Laon. Rien n’était réglé entre Dame Berleux et Dame Carlin. Aussi cette dernière sollicita de sortir de la Congrégation. Il fallait l’autorisation de l’évêque de Soissons qui tardera 2 ans avant de la donner.
Le projet de Monique est de se fixer à Avesnes, où elle arrive le 26 août 1817, avec quelques compagnes parmi lesquelles figuraient ses nièces qui furent ses premières collaboratrices (d’où le nom de Tante) et qui imprimèrent à la Congrégation naissante cet « esprit de famille » qui s’étendra aux pensionnaires même.
C’est le doyen d’Avesnes, Monsieur Bonnaire qui la présenta à Monseigneur Belmas, alors archevêque de Cambrai, qui l’accueillit avec une bienveillance toute paternelle, et applaudit à son projet de la voir se fixer à Avesnes. Il réclame au plus tôt la rédaction de statuts généraux afin d’obtenir du gouvernement la reconnaissance et les bénéfices d’une existence légale. En attendant, il nommait Supérieure provisoire la dame Carlin, dite Sœur Sainte Thérèse.
L’autorisation officielle n’arrivera qu’en 1827, compliquée par un décret qui imposait aux enseignantes un examen et un certificat d’aptitude. Mère Carlin multiplie les démarches pour obtenir une dispense ou un délai. Elle réussit à pouvoir subir seule les épreuves du jury de Lille, tandis que les autres se présentaient à Avesnes.
Revenons un peu en arrière. En 1820, la « Communauté » comprenait 32 personnes. Mais aucune n’était fixée par les vœux canoniques sauf Mère Carlin (à Laon). Durant toutes ces années d’attente, Mère Carlin mûrissait dans la prière l’idéal religieux qu’elle avait conçu, et qu’elle fixera dans une première Règle : « adapter à la vie active et au ministère de l’enseignement en particulier, l’essentiel de la contemplation ». C’est ainsi qu’elle met son « ordre » sous le patronage de Sainte Thérèse d’Avila.
Le 15 octobre 1822, le Doyen d’Avesnes, au nom de Monseigneur Belmas, reçoit les premiers vœux ( pour 5 ou 18 mois ) des « Sœurs de la Providence dites de Sainte Thérèse ». Cérémonie en l’église paroissiale : 19 professes dont Mère Carlin, confirmée par ses sœurs, à l’unanimité des voix, dans sa charge de Supérieure. La Congrégation est donc normalement érigée et constituée.
Dès 1817, la « Congrégation » n’a cessé de s’agrandir.
De 1817 à 1843, 23 maisons seront créées + la Maison-Mère à Avesnes, 4 Hôpitaux et un ouvroir, dans les départements du Nord, de l’Aisne et des Ardennes. (Après 1844, viendront s’y ajouter 6 nouvelles maisons).
Au cours de l’année 1843, un mal intérieur va obliger Mère Carlin à réduire ses activités. Nouvelle crise en 1844, et elle s‘éteindra le 20 mai 1844.
La nouvelle Congrégation continue à se développer, il va falloir construire. C’est Mère Lucie Daniel qui va mettre sa fortune au service de la Congrégation et fera construire les bâtiments qui entourent ce qu’on appelle « la cour rouge ».
D’autres difficultés vont surgir avec les lois de laïcisation de l’enseignement (1901), ce qui entraîna la fermeture des écoles surtout en milieu rural. Certaines sont restées ouvertes, avec des sœurs « sécularisées ». Ce doit être le cas de Tourcoing, Jeanne d’Arc à Avesnes, et peut-être Valenciennes…
En 1906, il ne restait plus que les écoles de Saint-Amand et Avesnes qui, à leur tour durent fermer. Cependant Mère Apolline, Supérieure Générale à cette époque, avait pressenti ces difficultés et trouvé 4 lieux en Belgique pour accueillir les sœurs et leurs élèves. Ce sont Pont-à-Chin, Nimy, Momignies et Elouges.
Cet exode dura jusqu’en 1942, date à laquelle les écoles congréganistes purent rouvrir et reprendre leurs activités.
L’autre évènement important pour la vie de la Congrégation, sera son ouverture missionnaire avec l’envoi à Madagascar, de 3 sœurs en juillet 1963.